Entretien avec Heba Attia, Tabdeel – Colloque international la Fabrique de la ville durable – 2022
Introduction
Dans le cadre de la conférence intitulée “Fabrique de la ville durable”, organisée par le CEDEJ (Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales), l’Institut Français d’Égypte et la FES (Friedrich Ebert Stiftung), nous avons réalisé une série d’interviews avec quelques intervenants sur des thématiques autour des enjeux environnementaux.
Heba est architecte et urbaniste, diplômée de l’Université d’Alexandrie et de l’Université Technique de Berlin. Consciente des problèmes liés au trafic automobile au Caire et l’urgence de développer une mobilité douce, elle a co-fondé l’association Tabdeel, afin de promouvoir le recours aux vélos au Caire et en Égypte en général. Signifiant littéralement “Changer”, Tabdeel est “un groupe de défense œuvrant au développement d’aménagements cyclables et la mobilité durable en général”, affirme Heba.
Encourager une mobilité urbaine durable grâce aux vélos
L’association Tabdeel opère à travers trois grands axes : recherche, défense et design. Cela, afin de promouvoir une planification urbaine favorable à la circulation cyclable, contribuant ainsi à la protection de l’environnement. Fondée en 2019, Tabdeel est le résultat d’un engagement de quatre urbanistes, soucieux d’introduire l’utilisation des vélos en Égypte et plaider en faveur de meilleurs environnements urbains pour les cyclistes et les piétons.
Les travaux de recherches menés par l’association parviennent notamment à synthétiser les problèmes liés à l’utilisation des vélos, et les solutions à mettre en place : “Nous vérifions où l’infrastructure cycliste a été construite, à qui elle s’adresse, ce qui nous permet d’analyser qui l’utilise et si elle sert son objectif initial ou non”, déclare cette entrepreneuse. Afin de faciliter la recherche et la prise de décision d’initiatives urbaines, Tabdeel a récemment conduit un travail de recensement, “The Egyptian Cycling Outlook 2021″, ce dernier donnant un aperçu “de tous les projets cyclistes et des progrès réalisés en matière de mobilité cycliste au cours de l’année écoulée”, explique Heba.
Rendre accessible la mobilité cycliste sur le modèle participatif
Siégeant tranquillement sur son vélo, Heba sourit : “Le marché égyptien autour du cyclable est très limité aux vélos de sport. Nous essayons donc d’introduire d’autres types, comme les bicyclettes-cargo, qui sont conçues pour le transport de marchandises ou de personnes.”
En effet, ces dernières semaines, le “Cargo-bike sharing” a vu le jour au sein de Tabdeel. Idéal pour transporter des enfants, des aliments ou du matériel, ce nouveau modèle se veut être léger, pratique et accessible à tout citoyen. Quelle idée se cache derrière ce nouveau programme ? Normaliser l’usage des vélos au quotidien et encourager l’utilisation de ces derniers. Réduire la dépendance aux véhicules motorisés est devenu la priorité de Heba, qui dénonce un manque de prise en considération des utilisateurs de vélos, ainsi que de leur sécurité. La particularité du “Cargo-bike” ? Les contributions commencent à partir de seulement 40 EGP par jour, avec la possibilité d’augmenter ce taux en fonction des moyens financiers de chacun !
Plus qu’une option envisageable, le recours aux vélos comme mode de transport en Égypte devient une nécessité. Alors que le nombre de véhicules immatriculés s’élevait à près de 9 millions en 2019 en Égypte selon les données de CIEC[1], l’emploi des transports non-polluants est plus que préconisé pour lutter contre les émissions de gaz à effets de serre, et in fine, au réchauffement climatique.
Entretien réalisé par Téa Ziade et Kawkab Tawfik
[1] https://www.ceicdata.com/en/indicator/egypt/number-of-registered-vehicles
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
CEDEJ (11 mai 2022). Entretien avec Heba Attia, Tabdeel – Colloque international la Fabrique de la ville durable – 2022. Les Carnets du CEDEJ. Consulté le 14 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/o4y6